Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


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La médecine esthétique est glauque


Médecine esthétique : ni médecine, ni esthétique

Médecine esthétique : petites manipulations à renouveler

A côté de la chirurgie proprement dite, une batterie de techniques non chirurgicales a vu le jour pour traiter des disgrâces esthétiques moins lourdes, comme les rides ou l’affaissement débutant du visage. Elles sont réalisées majoritairement par des médecins, d’où cette appellation de médecine esthétique.
Elle est particulièrement connue pour le traitement des rides. Le médecin infiltre sous la ride différents produits, pour la faire remonter et ainsi l’estomper. Ces substances, de plus en plus nombreuses, sont pour la plupart résorbables. Elles disparaissent au bout de quelques semaines, voire quelques mois. Certains produits sont permanents, et ne se dégradent pas avec le temps. On parle aussi de volumateurs capables, par des injections plus conséquentes, de redonner volume aux joues, pommettes, menton, lèvres...

L’utilisation de la toxine botulique remonte à plusieurs décennies pour le traitement des contractures musculaires du cou ou de la face. Cette toxine paralyse le muscle, induit donc son relâchement, et par là le déplissement de la peau qui adhère dessus. Par cette action, les rides s’estompent comme par enchantement. L’effet dure quelques mois, mais le muscle atteint ne bouge plus tant que le produit est actif.

Les injections de graisse prélevée sur le patient viennent elles aussi combler un manque, mais cette fois-ci en se servant de ses tissus. Intellectuellement séduisante, cette technique est cependant très discutable. 70% de la graisse injectée se résorbe, et les 30 % restant se transforment en nodules, responsables d’irrégularités visibles.

Les procédés de lissage de la peau par laser, lumière puisée, peelings chimiques, détruisent la couche superficielle de l’épiderme, et enlèvent en même temps les rides qui s’y trouvent. Des fils suspenseurs sont glissés sous la peau pour remailler (fils d’or) ou remettre en tension (fils crantés en nylon ou résorbables) la peau. Enfin, régulièrement, des appareils miracles sont supposés faire fondre les graisses.

Chaque technique a ses avantages et surtout ses inconvénients. Toutes sont capables de rendre service pour certaines situations précises, mais toutes peuvent être parfaitement illusoires si elles sont mal employées. Aucune n’est, en outre, totalement dénuée de risques.

Médecine esthétique : une pratique commerciale bien pensée

La cible marketing pour ces produits est beaucoup plus large, et la stratégie mieux pensée qu’en chirurgie esthétique. Elle s’inspire de celle des cosmétiques. Certes, ces techniques médicales sont plus efficaces qu’une crème, mais elles restent très limitées. L’ensemble est tout aussi psychologiquement ingénieux. Rapides et réalisées au cabinet médical, souvent sans anesthésie et sans véritables suites, elles procurent un résultat immédiat parfois spectaculaire, au point d’entraîner une satisfaction intense, même s’il persiste peu, voire très peu dans le temps. Il doit durer cependant au mieux, le temps nécessaire et suffisant pour que le patient « digère » sa dépense (500 euros en moyenne). La joie ressentie ne sera pas entachée, le plus souvent, par les effets secondaires négatifs, et restera en mémoire comme une expérience positive. Elle déclenchera alors la demande de renouvellement, au grand bonheur des laboratoires, dont les bénéfices sont, à ce titre, impressionnants : les ventes de Botox ont doublé en 4 ans.