LES GRANDES QUESTIONS > Les patients > Les patients trop crédules
Les patients qui consultent un chirurgien esthétique sont, par la nature même de la relation qui s’instaure, dans une position "d’ infériorité ". Cette relation inégale en chirurgie esthétique vient évidemment du fait qu’ils se trouvent en face d’un professionnel, alors qu’ils sont profanes en la matière. Cette « inégalité » est renforcée parce qu’ils sont en proie à la souffrance et au mal être à l’origine de leur demande. Les patients de chirurgie esthétique sont ignorants, mal à l’aise et demandeurs.
La combinaison de ces trois éléments les expose immanquablement à une certaine crédulité face à la personne qui reçoit leur demande. À vrai dire, les patients de chirurgie esthétique sont des proies assez faciles, pour des praticiens peu scrupuleux. Certains profitent et utilisent donc cette position d’inégalité pour manipuler savamment le patient, afin de l’amener, quoi qu’il arrive, à l’intervention chirurgicale. Ils aggravent même cette position d’infériorité en affirmant systématiquement que le défaut est épouvantable, que c’est bien normal qu’il entraîne un tel mal-être, et qu’ils ont la solution pour débarrasser le pauvre patient de tous ses tracas.
La souffrance peut effectivement aveugler le patient de chirurgie esthétique ; il croira alors sans restriction ce que pourra lui dire le praticien consulté. Or, il faut garder à l’esprit que la chirurgie esthétique est une discipline où l’argent, le pouvoir de création et la relation de séduction poussent certains médecins à encourager toutes les demandes, et à proposer systématiquement une intervention chirurgicale. Pour ces praticiens de chirurgie esthétique, le but premier sera d’intervenir, quelle que soit la demande, leurs capacités à traiter le problème, le bien-fondé de l’intervention ou même le résultat. Sans chercher à discréditer l’ensemble des chirurgiens esthétiques, il faut savoir, compte tenu des formations dispensées extrêmement disparates, du nombre de chirurgiens esthétiques grandissant, et de l’exagération de la demande de chirurgie esthétique par le biais de la publicité, que ces situations sont malheureusement très nombreuses.
Un patient de chirurgie esthétique ne peut avoir la totale certitude d’être entre de bonnes mains. Il est souvent nécessaire de confronter plusieurs avis, même si les consultations des différents chirurgiens sont payantes. Il ne faut pas céder trop facilement aux discours alléchants de chirurgie esthétique, même s’ils paraissent cohérents. Une demande et les réponses qui lui sont apportées ont intérêt à être confirmées par plusieurs praticiens. Se laisser dicter d’autres interventions de chirurgie esthétique que celle pour laquelle on est venu consulter doit mettre immédiatement la puce à l’oreille. Il est en effet inadmissible de se voir pointer par le médecin un ou plusieurs autres défauts. Cette démarche ne correspond en rien aux privilèges du chirurgien qui, en tant que professionnel, pourrait soi-disant faire une meilleure analyse des défauts du patient, afin de mieux lui venir en aide.
Cette attitude est au contraire une intrusion abusive du chirurgie esthétique, afin de déstabiliser encore plus le demandeur. Le praticien ne doit, en aucun cas, parler d’un quelconque défaut même existant, sans y avoir été au préalable invité par le patient. La demande et la réponse en chirurgie esthétique se limitent strictement au défaut qui engendre la souffrance . C’est bien parce que le chirurgien est un professionnel qu’il ne s’autorise, en aucun cas, à faire un « bilan » des défauts de ses patients.